“Everybody’s damaged. It’s just a question of how badly, and whether you’re healing or still bleeding.”~ Michael

(001.) Michael n'a jamais eu besoin de se poser la moindre question concernant ce qu'il ferait plus tard. Son chemin à toujours été tracé. Chaque homme, de la famille Kennedy a fait carrière dans la police, il n'a jamais songé à déroger à la tradition familiale. (002.) Petit, il ne tenait jamais en place, constamment en mouvement, souvent en train de faire une connerie. Déjà à l'époque il était casse-cou. (003.) Mike a très vite assimilé que les garçons ça ne pleure pas. Qu'il devait se montrer fort, ne pas pleurer, ne pas laisser entrevoir la moindre faiblesse. Que s'il montrait la moindre faiblesse, celle-ci pourrait être utiliser contre lui. Il ne pourrait même pas dire la dernière fois qu'il a pleuré en public. Il a été éduqué de cette manière, avec cette vision que l'homme doit être fort, ne pas avoir de faiblesse et toujours protéger les plus faibles. Il aimait l'idée d'être le protecteur de sa femme et de ses filles. Il n'aurait jamais pensé que ce dont elles auraient besoin d'être protégé serait de lui. (004.)  Il a rencontré en Rebecca en 1997. Elle lui a tout de suite plu, ça a tout de suite matché entre eux. Peut-être que c'est ce petit côté sombre qu'il partageait tous les deux, cette part d'ombre. Ils se sont mariés en 1999 puis ils ont eu deux filles Harper en 2001 et Maya en 2003. Il était un papa poule, il aurait fait n'importe quoi pour ses filles, pour Rebecca aussi, les trois femmes de sa vie. Mike aurait voulu un garçon, un fils avec qui partagé tout ce que son père lui avait appris. Rebecca a refusé et ça a été compliqué pour lui de l'accepter, mais il s'est fait une raison. (005.) Il s'est pris une balle dans la jambe au cours d'une affaire en 2015. Il n'a jamais eu aussi peur de mourir. Il n'a pas vu sa vie défiler devant ses yeux ou quoi que ce soit du genre, mais il a cru qu'il allait y passer, que c'était la fin. Il ne l'avouera jamais, mais il n'a jamais été autant terrifié. La rééducation était compliquée, il avait l'impression d'être faible, d'être un poids, un boulet pour sa famille. Alors pour oublier la peur, la douleur aussi, il s'est mis à boire. Boire pour échapper à ses problèmes Boire pour éteindre cette voix dans sa tête qui lui disait qu'il était faible, qu'il n'était rien. Boire pour oublier toutes ces images qui revenaient dans sa tête les flash-back, le moment où il se faisait tirer dessus qui repassait en boucle dans sa tête, la peur qui s'insinuait en lui à la moindre occasion, les cauchemars. L'alcool n'a fait qu'empirer la situation. Il est devenu violent, que ce soit dans ses mots, ou dans ses actes. Il s'est comporté comme un connard. Maya a fait son coming-out en tant que non-binaire a cette période et il a été odieux avec elle. Il a été dur, plus dur qu'il ne l'avait jamais été avec ses filles. Rebecca lui a posé un ultimatums, soit il se reprenait en main soit il devait quitter la maison et tout perdre, ça a été un wake-up call, il a commencé à aller voir un psy. Il s'est excusé, il a essayé de regagner la confiance de ses filles, de sa femme. Il s'est battu pour remonter la pente. Il s'est promis de ne plus retomber aussi bas, de ne plus sombrer. Pendant un temps, il a réussi, il allait mieux. Tout n'était pas redevenu comme avant une cassure, c'était opéré quelque chose, c’était brisé en lui, mais aussi dans son couple, dans sa relation avec ses filles. (006.) En 2018, il a perdu un de ses coéquipiers, un ami, un mec bien qui ne méritait pas de crever. Il a recommencé à sombrer dans ses vieux travers. Il se fait peur parfois, il a tellement de colère en lui, tellement de rage, il a sans arrêt l'impression d'être sur le point d'exploser, d'être une bombe à retardement.  (007.) Il fait beaucoup de sport ça lui permet d’extérioriser toute cette rage qu'il a en lui. Toute cette violence. Il court beaucoup, il court pour s'évader, s'échapper. Mais peu importe ou il va, à quelle vitesse il court, il continu de l'entendre, Rebecca, sa femme qui le supplie d'arrêter qui le supplie de ne pas le faire, les larmes, les marques sur ses bras qu'il lui a fait parce qu'il l'a empoigné trop fort. Alors il court, plus vite plus loin. Sauf qu'il ne peut pas se fuir lui-même, il ne peut pas échapper à ce qu'il est devenu.(008.) Il savait déjà quand il était gosse qu'il deviendrait flic, comme son père, comme tous les autres hommes de la famille. Il ne se sentait pas forcé, c'était une fierté. Petit, il adorait écouter les histoires de son paternel. Il n'a jamais regretté d'être flic. Il aime l'idée d'être un héros, d'attraper les méchants. De faire payer les coupables. Il n'aurait jamais pensé qu'il deviendrait un jour comme ses connards. Qu'il deviendrait un monstre lui aussi. Il n'a pas violé ses prostitués, il n'a pas fait ce pour quoi, il a été accusé. Mais ça ne change rien. Il ne les a pas violés elles, mais il a quand même coucher avec, il a trompé sa femme. Il a violé sa femme. Il ne peut s’empêcher de penser qu'il est devenu ce contre quoi il se battait. Qu'il est devenu comme eux, comme les crevures qu'il arrête. Il est tombé tellement bas, qu'il est même pas sur d'être capable de se relever, il est même pas sur d'encore le vouloir. Ce n'est pas comme s'il pouvait retourner en arrière. Il ne sait même pas si Rebecca pourra un jour lui pardonner. S'il pourra un jour se le pardonner.