You may look calm, but I'm sure you've already killed me three times in your head. ft Ashley

You may look calm, but I'm sure you've already killed me three times in your head.

Un jour par semaine, Clay dérogeait à ses habitudes familiales et orchestrait un cours de fitness à la salle de sport en fin d’après-midi. Une séance qu’il aurait mieux fait d’annuler aujourd’hui, puisqu’une soirée « mondaine » se profilait en début de soirée aux côtés de sa femme. Il détestait ce genre d’événement - tant et si bien que son cerveau avait fait en sorte d’occulter la dite-soirée. Plutôt que de rentrer chez lui et de se préparer, il papotait allégrement avec les clients tout en sueur qui lui reprochaient d’avoir élevé la barre un peu haute lors de ce cours. Ca le faisait toujours sourire : ils se plaignaient, mais finalement étaient les premiers à venir le remercier quelques mois plus tard lorsqu’ils dépassaient le but qu’ils s’étaient fixés en s’inscrivant ici. « Tu ne devrais pas être avec ta femme toi, ce soir ?» Sourire carnassier aux lèvres, Natalie, sa collègue, savait pertinemment qu’il n’était pas enchanté à cette idée. Mais elle était loin de s’imaginer qu’il avait oublié. « De quoi tu…» Merde. Il avait zappé. Elle allait le tuer. Jetant un coup d’œil à sa montre, Clay comprit qu’il n’aurait jamais le temps de rentrer chez lui puis de revenir en ville. Tant pis. Il allait falloir se contenter des affaires qu’il avait dans son casier.

Après une douche prise en quatrième vitesse, Clay enfila son jean et son polo. Aucune chemise à l’horizon, encore moins une veste et un pantalon de costume. Il soupira devant la glace, sachant très bien que sa femme serait tirée à quatre épingles ce soir. Il n’avait pas tout retenu quand elle le lui avait expliqué, mais la soirée réunissait entre autres des collègues du cabinet et il y avait fort à parier pour qu’aucun n’ose ne serait-ce que penser à se vêtir d’un jean. Mais d’un autre côté, s’il prenait le temps de trouver un costume, il n’arriverait jamais à l’heure. Et ça, ce serait sans doute un crime plus abominable encore que d’être le seul à ne pas ressembler à un pingouin. « Je sens que tu vas passer une excellente soirée ! » Sa collègue pouffait de rire, lui arrachant un sourire alors qu’il tenait la poignée de la porte pour sortir. « Arrête de te foutre de moi, tu veux ?!» « Attends, tes cheveux ne ressemblent à rien ! Voilà, tu peux y aller.» Elle avait passé trois coups de peigne - démarche inutile à son sens vu qu’il n’était même pas bien rasé - puis l’avait jeté dehors.

Lorsqu’il arriva enfin à destination, il avait cinq petites minutes d’avance. L’honneur était au moins sauvé de ce point de vue-là. Un peu maladroit, il se dirigea à l’intérieur du building, emprunta les escaliers pour gravir quelques étages puis trouva sans trop de difficultés la salle de réceptions. Plusieurs visages connus lui firent un signe de loin, et il voyait déjà sur leur tête que ces derniers étaient à la fois amusés de le voir ainsi et en même temps peu étonné : c’était bien son style, de venir défier le monde très épinglé de son père… Qui d’ailleurs se trouvait à l’autre bout de la pièce, lui aussi. Et vu le regard qu’il lui lançait… Il n’allait jamais le croire lorsqu’il lui dirait qu’il ne l’avait même pas fait exprès. Il s’apprêtait à faire un premier pas pour entrer dans la pièce lorsque sa femme arriva. Superbe, évidemment. « Ma marraine la bonne fée a oublié de passer. Du coup j’étais obligé de venir au bal en guenilles. » Humour pourri du jour, bonjour. Mais avec un peu de chance, son charme naturel et sa capacité à en plaisanter la détendrait un peu ?!

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Clay et Ashley c’était… Une histoire que lui-même ne s’expliquait pas facilement. Non pas parce que leur rencontre avait été originale - à vrai dire ils étaient même le prototype du couple cliché des séries télévisées - mais parce qu’ils étaient aux antipodes l’un de l’autre. Elle était naturellement classe, distinguée et savait d’un coup d’œil choisir un vêtement qui la mettrait en valeur. Lui n’était jamais aussi bien que lorsqu’il pouvait se trimbaler torse-nu chez lui ou en salle de sport. Elle était une acharnée du boulot, ambitieuse et extrêmement brillante en affaires. Lui aspirait davantage à s’amuser avec ses enfants qu’à enchaîner les réunions avec ses employés. Elle était noire, ayant subi dans sa vie le racisme depuis son enfance. Lui était un mec, blanc comme un cul, hétérosexuel et avec une gueule d’ange en prime. Autant dire jamais discriminé. Et la liste pouvait continuer comme ça sur plusieurs plages. La seule chose qu’ils partageaient ? Cet amour passionné l’un pour l’autre. Du moins était-ce ce qu’il pensait jusqu’à présent. Mais peut-être que cette soirée qu'il gâchait avec son accoutrement tout sauf approprié allait l’encourager à lui tourner le dos !

Il n’était pas fier de lui. Il la connaissait par cœur, savait qu’elle lui avait rabâché l’importance qu’elle accordait à cette soirée pendant des semaines. Il n’avait donc en soi aucune excuse. Et il aurait beau lui dire qu’il avait complètement oublié, elle ne l’écouterait pas. Parce que dans le fond, il n’aurait pas dû oublier un événement qu’elle s’était acharnée à lui rappeler tant de fois. Alors plutôt que de commencer par s’excuser en jouant la carte de la sincérité, il avait fait ce qu’il faisait de mieux en temps normal : le clown. Autant dire que la réponse - plus glacée que le pôle nord lui-même – ne tarda pas à se faire entendre. « Tu te fous de ma gueule ? Tu crois que j'ai envie de rire? Ça fait des mois que cette soirée est prévue, DES MOIS. » Misère. Il n’avait jamais eu peur de lui rentrer dedans, de la taquiner et de lui répondre quand elle haussait le ton. Seulement, ce soir il était fautif. Et surtout, ce n’était pas le lieu pour taper un scandale. « Je suis désolé.» Lâcha-t-il dans un murmure en fourrant ses mains dans ses poches. La tempête finirait bien par passer, non ? La moindre des choses auraient été de t'assurer que ta putain de madame la bonne fée pense à passer au putain de pressing. ll en aurait ri, en d’autres circonstances. Lui aurait peut-être même dit qu’il la trouvait incroyablement sexy lorsqu’elle s’énervait de la sorte. Mais il savait qu’il signerait son arrêt de mort s’il s’avisait de prendre la chose à la légère. « J’ai oublié…» La voilà, la vérité. Celle qui allait lui coûter très certainement sa peau d’ici quelques secondes. Je peux même pas essayer d'arranger les choses en te trouvant une cravate. Tu t'es surpassé. Penaud, il se mordit la lèvre inférieure. « Si tu préfères, je vais me cacher pendant trois heures dans les chiottes ?! J’suis à peu près certain qu’ils ne verraient pas la différence de toute manière.» Parce qu’il fallait bien être honnête : il n’appartenait pas à leur monde. Son père ne daignait même pas se déplacer pour le saluer ! Comme si la seule vue de son fils en jean était trop embarrassante. Une déception de plus à inscrire sur son tableau.

Un nouveau client arriva, et s’arrêta quelques secondes pour parler à Ashley. Quelques secondes qui lui paraissaient d’ailleurs être une éternité, tant le regard qu’il portait à sa femme était trop appuyé à son goût. Lorsqu’enfin il daigna déguerpir, Clay se pencha à l’oreille de son épouse. « N’empêche que même en jean je reste plus sexy que tous ces ploucs qui te reluquent. Si tu veux mon avis, je t’ai fait une fleur ce soir : si j’étais venu en costume, leur égo aurait été bousillé.» Elle allait bien finir par lui décrocher un sourire à force d’entendre ses conneries, hein ?! Parce que si elle lui faisait la gueule toute la soirée, il allait finir par se réfugier auprès du champagne. Son regard dériva sur les courbes de sa femme, et il ne put s’empêcher de lui glisser un « En tout cas… Tu es magnifique.» avant de déposer un baiser contre sa joue. Ce n’était même pas pour se faire pardonner - il savait que de toute manière sa dernière heure avait sonné. Non, c’était sincère. Et puis si ça pouvait la détendre un peu au passage, ce serait tout bénef.

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Que pouvait-il faire d’autre, à part s’excuser ? Il avait merdé, et la moindre des choses était encore de lui dire qu’il était désolé de l’avoir déçue. S’il n’avait pas trop pris conscience jusque-là de l’importance qu’elle accordait à cette soirée, il lui suffisait de lire la colère dans ses yeux pour comprendre que c’était l’erreur à ne pas faire. Et il était persuadé qu’il valait mieux mettre son égo de côté et admettre ses fautes maintenant plutôt que de ne pas admettre ses torts. « T'es désolé ? T'es désolé et c'est tout ? Tout va bien puisque t'es désolé ? » Non, manifestement tout n’allait pas bien. D’autant plus qu’ils étaient en public : elle ne laissait donc pas exprimer toute sa rage. Il échappait pour le moment au pire. « Que veux-tu que je te dise d’autre, Ashley ? » Il gardait un calme olympien, malgré la rancœur de sa femme, malgré la vulgarité dont elle faisait preuve à chaque putain de phrase. Pourquoi ? Parce qu’il ne voulait pas rajouter de l’huile sur le feu. Il avait été assez con comme ça, elle méritait au moins qu’il n’aggrave pas la situation. « Non arrête. Je mérite une meilleure excuse que ça. Tu pouvais pas oublier. J'ai mis la date partout sur tout nos putain d'agenda. » Là encore, son regard se baissa, pour se baisser sur ses chaussures. Des baskets, soit dit en passant. Quasi neuves, mais des chaussures de sport quand même. « J’imagine qu’inconsciemment…» Il ne termina pas sa phrase, mais releva les yeux vers son père, qui continuait d’ignorer sa présence à dix mètres de lui. Oui, c’était une plaie de l’accompagner dans ce genre de soirée, parce que son paternel lui balançait à la figure - même sans dire un mot - tout le peu d’estime qu’il avait de lui. Alors oui, peut-être que son inconscient avait fait en sorte d’occulter tout ça, ou de vouloir encore une fois se rebeller contre Richard.

Cela dit, si sa présence en jean était si dérangeante que cela, il était prêt à se dissimuler dans les toilettes pour les trois heures à venir ! « N'y pense même pas. T'as pas intérêt de me laisser seule ce soir. » Elle était extrêmement sérieuse, un brin menaçante même. Mais quelque part, il appréciait le fait qu’elle n’ait pas honte de lui au point de lui demander de sortir de son champ de vision. « Reçu cinq sur cinq, mon colonel.» Il se serait presque mis au garde à vous, pour ses beaux yeux ! « Tu sais que c'est pas vrai. Il est juste trop hautain pour le montrer. » Le regard de Clay se posa à nouveau sur son père. Il se mordit l’intérieur de la joue, mais ne répondit pas. C’était inutile qu’il se lamente encore de cette situation, après tant d’années. Sa mère aurait peut-être pu apaiser tout cela, mais depuis son départ il ne pouvait compter sur personne pour jouer le rôle de tampon.

Leur conversation était à nouveau interrompue. Rien d’étonnant : Clay savait tout à fait à quoi s’attendre. D’ailleurs, même s’il détestait ce rôle de potiche, il n’en restait pas moins plutôt doué pour se faire discret et laisser toute la lumière sur sa femme. Sa femme qui attirait tous les regards masculins, du vieux pervers au tout jeune fraîchement débarqué au cabinet. « Mais c'était le but. Je voulais que tu détruises leur ego. Je voulais t’exhiber toute la soirée, qu'on leur en mette plein la vue. » Si la soirée n’avait pas si mal commencée, il aurait peut-être été un peu vexé de ne servir qu’à cela. Mais il mit sa fierté de côté, se raccrochant au fait qu’elle l’aimait et qu’il n’était pas juste un objet qu’elle aimait pavaner le reste de l’année. « Je n’ai pas besoin d’une chemise et d’une cravate pour les rendre fou de jalousie.» Il suffisait d’une main déposée au creux de ses reins, d’un baiser, ou d’un regard lancé au bon moment en sa direction. « Tu t'en sors bien pour l'instant mais tu sais que t'es un homme mort dès qu'on rentre à la maison pas vrai ? » Cette fois-ci, il ne put s’empêcher de laisser un léger rire franchir la barrière de sa bouche. Oui, il savait très bien qu’elle le truciderait. Mais il allait essayer de profiter de ses dernières heures pour la faire changer d’avis. « Je saurai me faire pardonner.» Lâcha-t-il en lui faisant un clin d’œil suffisamment évocateur pour qu’elle comprenne le sous-entendu. Il avait plus d’une corde à son arc !

Il se laissa par la suite entraîner à l’intérieur. Très rapidement, il se retrouva à serrer des mains à des têtes connues, mais aussi à des gens qui lui était complètement étrangers. « Je vais te chercher une coupe. » Cela faisait vingt minutes qu’il réfléchissait à un moyen d’aller respirer ailleurs, et ce fut la seule solution qui lui traversa l’esprit. Lorsqu’il atteignit le buffet, il prit tout son temps. Et pour cause : les petits fours lui faisaient de l’œil. Il n’aurait pas dû se jeter dessus : il suivait un régime strict depuis trois semaines pour être affuté un maximum en vue d’une petite compétition entre clubs dans un mois. Mais à cet instant précis, la nourriture était son plus précieux allié. « Félicitations, après avoir mis ta femme dans l’embarras, tu vas bientôt faire exploser le bouton de ton jean !» Belle entrée en matière de Richard, qui daignait enfin lui adresser la parole ! Dans un soupir, Clay le provoqua en avalant une dernière bouchée. « Ne t’inquiètes pas papa, même avec dix kilos en plus je serais encore loin de ton score sur la balance !» Amusé, il lui tapota le torse, avant de lui tourner le dos et de rejoindre Ashley, à qui il tendit sa coupe de champagne pendant qu’elle parlait avec un collègue. Bon sang que ça allait être long !

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Elle avait toutes les raisons du monde d'être en colère contre lui : il s'était bien planté, ce soir. Il savait ne pas l'avoir fait exprès, l'oubli étant sincère. Mais il savait aussi que son inconscient n'avait peut être pas joué en sa faveur : cette soirée était marquée par la présence de son père. Rien d'étonnant en soi : il faisait partie du cabinet d'avocats de sa femme. Seulement les relations entre les deux hommes étaient plutôt houleuses, encore plus depuis ces dernières années- depuis la mort de sa mère. Il essayait de mettre de l'eau dans son vin pour ne pas nuir à Ashley, mais ce n'était pas toujours suffisant. Heureusement pour l'avocate, Richard l'adorait et voyait en elle tout ce que Clay n'était pas : ambitieuse, brillante, déterminée et élégante. Parfois il se demandait même si le succès de sa salle de sport ne l'ennuyait pas : c'était la preuve même qu'il pouvait réussir sans avoir un diplôme à la hauteur du sien ! « J'espère bien. » Un léger sourire déforma sa mâchoire : il la connaissait par cœur. Aussi agacée soit-elle, il arrivait encore à apaiser les tensions. Ils étaient ensemble depuis tellement d'années qu'il n'était pas si difficile de désamorcer une crise. Elle aussi, après tout, savait comment s'y prendre pour l'atteindre. Il avait un tempérament plus posé qu'elle, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir ses mauvais jours aussi. Et dans ce genre de cas, il était content d'avoir une partenaire comme elle.

En revanche, il aurait préféré être seul avec Ashley, ce soir. D’autant plus quand il voyait cette ribambelle d’hommes à ses pieds. Il n’était pas extrêmement jaloux de nature, c’était même flatteur quelque part de voir sa femme adulée par ses collègues ou clients. Pour autant, il avait à cœur de faire en sorte qu’elle reste sienne. Un compliment, puis une promesse : celle de se rattraper une fois qu’ils rentreraient à la maison. « Il y a plutôt intérêt que ce ne soit pas des paroles en l'air. » Elle n’allait pas rendre sa tâche facile, n’est-ce pas ?! Un sourire malicieux au coin des lèvres, Clay ne comptait pas reculer devant la difficulté. « Ton crétin de mari n’est pas bête au point de te décevoir deux fois en une seule soirée !» Quoi que, avec lui tout était toujours possible !

Ils étaient finalement rentrés dans l’arène, et Clay n’avait pu s’extirper des conversations engagées par sa femme que l’espace de quelques minutes pour aller lui chercher une coupe de champagne. Un laps de temps nécessaire pour que son père vienne lui faire une remarque sarcastique. Lorsqu’il retrouva enfin Ashley, cette dernière mit fin poliment à la conversation semble-t-il passionnée qu’elle entretenait avec son interlocuteur. « Est ce que ça va ? Je t'ai vu parler à ton père. » Alors que d’une main il portait son verre à ses lèvres, de l’autre il encerclait la taille de sa femme, appréciant cette parenthèse à deux. « Rien d’important, il s’inquiète à l’idée de me voir prendre du poids.» Marmonna-t-il en levant les yeux au ciel. « Je lui aurais bien emprunté une chemise et une cravate pour te faire moins honte, mais à quoi bon si j’explose les boutons avec mon embonpoint ?! » Ironique, il laissa échapper un rire. Il avait bon nombre de défauts, mais son physique était quant à lui assez avantageux. Avec la quantité de sport qu’il faisait par jour, il ne risquait pas de voir apparaître une bouée de sitôt. « Et toi, alors ? Tu avais l’air sous le charme de ce ravissant jeune homme…» Oh oui, il l’avait vu dans ses yeux, l’ennui mortel qu’elle ressentait en lui parlant ! Et ça le faisait sourire, prouvant bien qu’elle valait mieux que la plupart de ces mecs dans leur costume de pingouin. « Tu sais qu’on pourrait tout à fait partir et faire des choses plus intéressantes ailleurs ?! » Evidemment, son professionnalisme exacerbé risquait de lui faire dire non. Mais qui ne tente rien n’a rien !

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Il n’avait qu’une envie : s’extirper de là, et pouvoir enfin profiter de sa soirée. Parce qu’accueillir clients et collègues d’Ashley avec un sourire hypocrite ou supporter son père n’était pas vraiment son passe-temps idéal. Il n’était pas certain que sa femme allait accepter sa proposition : elle était plus à cheval sur les convenances qu’il ne pouvait l’être. Mais elle le détrompa, à sa plus grande surprise. Il n’allait certainement pas s’en plaindre ! Elle prétextait une certaine fatigue, ce en quoi il ne croyait pas vraiment. Et puis, vu ce qu’il avait en tête pour se faire pardonner, il ne valait mieux pas qu’elle s’endorme sur le trajet ! « Hum vraiment qu'est ce que t'as en tête ? » Il n’allait tout de même pas lui dévoiler tous ses secrets maintenant ! Même si il n’était pas compliqué de deviner à quoi il pensait. « Tu verras !» Répondit-il avec malice avant de se mordre la lèvre inférieure.

Parce qu’il avait toujours un peu sur la conscience sa faute de départ, Clay décida d’endosser la responsabilité de ce départ. D’ailleurs, ce n’était que justice sachant qu’il en avait soufflé l’idée à Ashley ! Bon acteur, il faisait grise mine en serrant la main des quelques personnes qu’il connaissait davantage. Je suis désolée il est vraiment barbouillé. On se voit demain. Intérieurement, il avait envie de rire. Et dès qu’il fut hors de la vue du cercle des avocats, un sourire digne de celui du Joker se dessina sur son visage. Sourire qui ne le quittait plus, même lorsqu’il conduisait pour retrouver la sérénité de leur maison. J'arrive pas à croire que tu m'aies fait quitter la soirée. Etait-ce vraiment si difficile à croire ?! Il était plutôt doué, quand il s’agissait d’obtenir ce qu’il voulait. « J’ai une très mauvaise influence sur vous, Madame Matthews…» L’espace d’une seconde, il lui lança un regard mutin. « Avoue que c’est bien plus drôle !» Elle ne le ferait pas, il le savait. Mais il suffisait de l’observer avec un peu d’attention pour savoir qu’elle ne regrettait pas de l’avoir suivi.

La voiture était garée, et Clay venait d’ouvrir la porte de leur maison. Aucun cri d’enfant, aucune lumière allumée, et pour cause : les petites étaient chez leur grand-mère maternelle. Ils avaient donc la maison pour eux seuls. « Tu m’attends là ? Je crois que j’ai des excuses à te faire.» Amusé, il déposa un baiser sur sa joue puis se précipita à l’étage, pour retrouver leur chambre. Là, il se déshabilla, pour pouvoir enfiler le fameux costume qui était prévu à l’origine pour ce soir. Il noua sa cravate à la va-vite, essaya de passer un coup de main dans ses cheveux en bataille, puis attrapa une rose qui traînait dans un vase. Elle l’aurait, son prince charmant ! Il n’avait pas été très long, et il la retrouva sans problème dans le salon. « Ashley Matthews…» De son air le plus sérieux, il se mit à genoux devant elle, lui tendit la rose, et lui posa la question ultime d’un ton solennel : « Me feriez-vous l’immense honneur de… Me pardonner ?!» Oui parce que bon, le mariage c’était déjà fait ! Ne pouvant se retenir de rire plus longtemps à ses propres pitreries, il se releva puis l’embrassa sensuellement, ses mains vagabondant le long de ses hanches. « T’as le droit de me demander tout ce que tu veux, ce soir.» La voilà, la vraie récompense, qu’il venait murmurer à son oreille.

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Hum c'est vrai. Depuis que je t'ai donné ces cours de maths au lycée, tu ne cesses de m'éloigner du droit chemin. J'espère que t'es fier de toi. Il se souvenait comme si c’était hier de leurs premiers cours de maths. Ils étaient jeunes, Clay n’avait pas eu tellement d’aventures avant elle. Il se savait très apprécié par une partie de la gente féminine du lycée - être quaterback dans l’équipe de foot du lycée aide beaucoup ! - mais il n’aurait jamais imaginé lui plaire, à elle. Son père, qui à cette époque était encore persuadé qu’il arriverait à le convaincre, lui mettait une pression monstre pour qu’il améliore ses résultats à l’école. Il n’avait jamais vraiment voulu s’y mettre. Mais lorsqu’il n’avait plus eu le choix, il n’avait pas été difficile de jeter son dévolu sur Ashley : elle était… Parfaite. Aussi belle qu’intelligente. Et il avait été incroyablement chanceux qu’elle ne se tourne pas vers les intellos du lycée et lui laisse sa chance. « Tu préfèrerais être restée sur le droit chemin en ne me donnant pas de cours de maths ?! » Elle aurait beau le nier, ils étaient encore là, tous les deux, non ?! Personne n’aurait parié sur eux, et pourtant ils étaient aujourd’hui mariés, parents et toujours amoureux.

Certes, Clay n’était pas franchement fier du fait d’avoir gâché le début de soirée de sa femme. Par contre, il ne pouvait pas en dire autant à propos de leur sortie. Il n’avait pas particulièrement apprécié de se retrouver en présence de son père, ni même de devoir subir la ribambelle de collègues ou de clients qui regardaient la brune comme un morceau de viande. Elle était terriblement belle, mais elle ne se réduisait pas à ça. Et puis, détail non négligeable, elle était sienne. Je n'admettrais rien. C'était une soirée très importante. Je veux pas te mettre la pression bébé mais j'espère que les excuses seront à la hauteur de cet impardonnable polo. La bouche entrouverte, Clay feignit d’être touché au cœur par cette remarque péjorative sur son précieux polo. « Il n’est pas si terrible ! Et puis j’te signale que c’était ça ou bien un t-shirt du club trempé de sueur… !» Et là, elle l’aurait probablement assassiné puis aurait caché le corps dans une poubelle extérieure ! Quoi qu’il en soit, il n’avait pas l’intention de la décevoir pour la suite de la soirée.

Arrivé à la maison, il s’était éclipsé tout aussi vite, pour aller porter ce fameux costume initialement réservé pour cette soirée. Il lui faisait la totale : se mettait à genoux et lui présentait ses plus humbles excuses. Hum est ce que j'ai du temps pour réfléchir ? Je veux dire c'est une décision importante. Evidemment qu’elle prenait son temps ! Amusé, Clay secoua la tête. « N’abuse pas trop !» Rieur, il se releva, pour venir lui promettre la lune - ou presque.Tout ce que je veux hein ? Tirant sur sa cravate, Ashley l'avait attiré vers elle pour l'embrasser de plus belle. Croyez-moi, c'était bien l'une des rares circonstances où il appréciait de porter cet accessoire autour du cou ! Glissant une main jusque dans son cou, Clay prolongea l'instant avant de murmurer contre ses lèvres. « Absolument tout. » Bon. Il espérait qu'elle ne lui proposerait pas de retourner à la soirée ! Parce qu'il avait beaucoup trop envie d'elle pour revenir en arrière. D'un geste souple, il la souleva et se dirigea avec elle vers le canapé. Alors qu’elle était allongée, lui se trouvait au-dessus d’elle, ses lèvres parcourant son visage puis son cou. Ses mains quant à elles se frayaient un chemin le long de ses cuisses, remontant jusqu’à sa poitrine. Le costume lui tenait beaucoup trop chaud à présent, et d’un mouvement vif, il se débarrassa de sa veste. Il s’apprêtait même à défaire sa cravate, mais s’arrêta finalement, le souffle court, pour poser son regard sur elle. « Tu ne m’as pas dit ce que tu voulais…» Oui, il jouait. Il la faisait patienter et s’en délectait.

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Leur rencontre ne datait pas d'hier. Ils étaient encore au lycée lorsqu'ils s'étaient fréquentés. C'était presque le cliché des séries télévisées mettant en scène des adolescents : lui était le sportif nul en maths et elle la tutrice qui avait accepté de s'emparer de ce cas désespéré. Il ne savait même pas s'il lui avait fait bonne impression ou pas avant ces rendez-vous quotidiens. Mais ce qu'il savait en revanche c'est qu'il avait réussi à la séduire au fil des semaines. Hum tu sais bien que non. J'ai de plutôt bon souvenir de ses cours de maths. Un sourire à la fois tendre et coquin sur ses lèvres, Clay lui lança un regard qui en disait long. « Des cours de maths ou bien de ce qu'on préférait faire à la place ?! » Parce que lui ne se souvenait pas beaucoup des formules algébriques, mais plutôt des figures géométriques de leurs corps enlacés ! Et toi ? Est ce que tu regrettes ? T'aurais peut être pu échapper à ce genre de soirée si t'avais épousée la cheffe des pompom girl. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui retourne la question, et ne répondit pas de façon sérieuse dans un premier temps. « Tous les jours. Il n'y a rien qui m'excite plus qu'une blonde écervelée ! » Bon, il exagérait. Toutes les pompomgirls n'étaient pas comme ça, dieu soit loué ! « Pourquoi est-ce que je regretterais ça ? T'es la meilleure chose qui me soit arrivée. » Et il était sincère. Il la respectait autant qu'il l'aimait et l'admirait. Même si elle, de son côté, avait bien failli divorcer ce soir ! T'aurais pas osé ? Il se mit à rire avant de répondre : « Non ! Je suis con, mais pas suicidaire. » Il savait très bien que dans un cas pareil, il aurait encore mieux valu qu'il arrive en retard ou même pas du tout.


Son idée pour se faire pardonner ? Enfiler un costume, se mettre à genoux puis… Lui faire perdre la raison. Il avait envie d'elle depuis qu'ils avaient quitté la soirée et comptait bien profiter de l'absence de ses enfants pour la retrouver l'espace d'une nuit. Installés sur le canapé, il s'était arrêté dans sa course, reprenant son souffle et espérant aussi que son petit manège lui ferait de l'effet. Il le lui avait promis : il exaucerait tous ses souhaits ce soir. Faites moi l'amour M. Matthews. Il se mordit la lèvre inférieure, son regard bleuté plongé dans le sien. « À vos ordres, Madame. » Lentement, il défit sa cravate et déboutonna sa chemise. Puis ses mains dirigèrent à nouveau son attention sur elle, épousant ses formes jusqu'à atteindre la fermeture éclair dans son dos qui lui permettrait de lui ôter sa robe- ce qu'il fit d'une main de maître. Ses lèvres sillonèrent alors sa peau, descendant de son cou à sa poitrine, qu'il effleura au travers du morceau de tissu qu'elle portait encore. Ayant décidé de faire durer l'instant, il descendit lentement, plus au sud, jusqu'à buter contre un deuxième sous-vêtement. Peut être était-ce lui, finalement, qui allait perdre la tête à force de jouer avec le feu.