Taylor | How can we move on ?

How can we move on ?

Taylor & Cristina
7 Mai 2020

Cristina ne dormait pas beaucoup lorsqu’elle était d’astreinte mais lorsque venait la fin de son service, elle piquerait bien un somme d’un mois avant de retrouver toutes ses capacités.
- Bye les gars, à la prochaine, salut-elle en mettant la bretelle de son sac sur son épaule. Elle détacha ses cheveux en fourrant l’élastique dans la petite poche de ce dernier et quitta la caserne en direction de sa voiture. Ce n’était pas la dernière des caisses ou la plus belle avec sa couche de poussière où Rafael et elle se seraient fait un malin plaisir d’écrire “sale” dessus s’ils étaient tombés dessus. Devant, elle déverrouilla son véhicule et ouvrit le coffre pour y mettre son sac comme d’habitude, c’était seulement la routine qui la laissait tenir le coup, surtout depuis… Depuis que Rafael n’était tout simplement plus là. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour sortir de son état, s’efforçant d’être à fond dans son travail mais lorsqu’elle sortait de la caserne, tous ses démons resurgissaient. En refermant le coffre, elle se rappela qu’elle en avait oublié son téléphone et qui devait sûrement être dans le fin fond de son sac, alors Cristina décida d’attendre d’être de nouveau chez elle pour le rallumer.

Il était dans les huit heures quarante-cinq quand elle arriva dans l’appartement qu’elle partageait avec d’autres colocataires. C’était récent et une manière à elle de fuir une tristesse qu’elle n’assumait pas et qu’elle n’arrivait pas à accepter. Selon elle, c’était sa faute si toute la famille traversait une situation aussi difficile à surmonter, c’était à cause d’elle si sa belle-soeur se retrouvait veuve avant d’être mariée et si son enfant se retrouvait sans son père, aussi tôt dans sa petite vie. Et c’était clairement tout ce genre de petit détail qu’elle s’en voulait et qu’elle se demandait pourquoi ce n’était pas elle qui n’était pas à sa place. C’était très dur de se dire une chose pareille mais elle savait que ses parents auraient surmontés ensemble cette perte et que ses frères auraient finit par accepter sa mort mais il n’y avait personne d’autre. Pas de femme, pas d’enfant. Rien. Personne qui aurait dû pleurer un disparu comme le pauvre Matteo qui devra vivre avec ça toute sa vie. Et Taylor. Cristina savait à quel point la blondinette aimait son petit frère. A quel point elle avait souffert dans les derniers instants et comme il lui avait été difficile d’admettre la vérité. Rafael était parti, et il allait falloir avancer. Mais qu’arrivait-il à une soeur, qui n’était pas du tout apte à… écouter ses propres conseils. Mais elle, Cristina Herrera, n’avait certainement pas le droit d’avancer.

Elle allait mettre le contact mais la pensée pour Taylor lui rappelait sa promesse envers son petit frère, post mortem. Alors elle défit sa ceinture et sortit pour aller retrouver son sac et fouiller jusqu’à trouver son téléphone portable. D’un geste sec, elle referma le coffre et remonta dans la bagnole, fermant également la porte sèchement. Avant toute chose, elle tourna la clé pour démarrer et alluma son téléphone. Aucun message, aucun appel, elle pouvait laisser son téléphone sur le siège côté passager, desserra le frein à main et passa la marche arrière. Une journée de repos ne devait pas être pris à la légère dans son métier et elle ne rechignait jamais lorsqu’il était question de dévorer un bon petit déjeuner et d’aller dormir. Lorsque neuf heures arriva, Cristina roulait tranquillement lorsqu’elle entendit son téléphone vibrer. Regardant à droite puis à gauche, elle mit le clignotant pour se ranger sur le côté, alors qu’elle longeait la rue menant à chez elle. Sa mère ? Son père ? Avaient-il besoin de quelqu’un pour le restaurant ? Elle mit le frein à main et attrapa son téléphone en voyant : “un appel en absence” L’appelant lui fait avoir la nausée. Cristina avait loupé un appel de Taylor. Au lieu de cela, un message instantané arriva pour lui annoncer qu’il y avait un message vocal. Rapidement, elle l’écouta et sans attendre la fin, elle coupa et sortit de sa place de parking pour rejoindre la blonde. Sa voix était basse, le ton un peu tremblant certainement par l’émotion évoquant une photo. Troublée, la pompier repartit en faisant gueuler le moteur.

Cristina connaissait le chemin par coeur pour l’avoir fait des centaines de fois et vivait pas très loin de chez Taylor et Matteo : Et à l'époque, de Rafael aussi... pensa t-elle malgré elle. Il n’avait pas fallu longtemps pour arriver devant sa maison. Elle sortit de sa voiture, la vérrouilla et gravit les derniers mètres qui la séparaient de la veuve puis toqua à la porte. Lorsque celle-ci s’ouvrit, Cristina avait reprit ce masque où mêler à l’inquiètude, elle lui adressa un petit sourire : “Hey, Taylor, comment ça va ? J’ai.. eu ton message.”

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- How can we move on-

(Ft Cris)

C'était comme si le monde avait changé de vitesse. C'était comme si tout le monde avait accéléré, que tout allait trop vite, que quoi qu'elle fasse elle ne pouvait pas suivre. Elle avait l'impression d'être incapable depuis la mort de Rafa. Elle passait son temps à pleurer pour un rien. Elle passait son temps à essayer de rassurer Mateo sans jamais pouvoir y parvenir. Elle passait son temps à prétendre que ça allait, avant d'éclater à nouveau en sanglots. Elle ne connaissait pas la vie sans lui. Elle l'avait rencontré à à peine 19 ans et ils ne s'étaient plus quitté. Il était son meilleur ami, son confident, son amant, son amour. Tous les jours, elle ne pouvait s'empêcher de se dire "Il faut que j'en parle à Rafa", "Qu'est ce que Rafa va penser de ça ? " "Qu'est ce que Rafa dirait ?". Il ne quittait jamais ses pensées. Ils avaient été trop proche pendant trop longtemps. Sa disparition lui faisait tout remettre en question. C'était comme si sans lui, elle ne savait plus qui elle était. Elle était devenue "sa femme" même s'il n'était pas marié. Elle était devenue la mère de son enfant. En dehors de ce rôle, elle ne savait plus ce qu'elle était. Elle voulait être présente pour son fils mais elle ne voulait pas se contenter d'être la mère de Mateo. Elle voulait pouvoir être juste Taylor. Elle ne savait juste plus ce que ça voulait dire. Elle allait devoir se demander ce qu'elle aimait, qui elle aimait ou qui elle voulait aimer. Elle allait devoir réapprendre à vivre. Elle allait... mais pas tout de suite, l'heure était encore au deuil. Il était mort depuis un mois mais elle n'avait toujours pas débarrassé toutes ses affaires. Elle voulait commencer petit bout par petit bout. Elle allait donner quelque uns de ses vêtements mais elle voulait en garder pour se souvenir de lui. Dans un de ses vieux jeans, elle tomba sur une photo d'eux avec Cris. Elle sourit avant de fondre en larmes. Ils étaient tellement heureux, tous les trois. Elle prit son téléphone et appela immédiatement la jeune femme. Elle tomba sur son répondeur, déçue de ne pas avoir pu la joindre, elle laissa un message. Elle recommença à ranger, les yeux toujours humides. Elle fût surprise d'entendre la sonnette, quelques instants plus tard. Son visage s'illumina quand elle vu Cris. Elle avait toujours cet effet sur elle. Elle ne la laissa pas finir sa phrase et l'enlaça immédiatement.

Ça va et toi ?

Son message oui. Cris avait eu son message.

Je-J'ai trouvé ça dans les affaires de Rafa.

Elle lui tendit la photo qui devait dater d'avant sa grossesse. Ils paraissaient tous tellement jeune. Ça lui semblait s'être passé dans une autre vie. Elle se remit à pleurer et vint de nouveau se réfugier dans les bras de celle dont elle était probablement la plus proche aujourd'hui.

Family comes first

How can we move on ?

Taylor & Cristina
7 Mai 2020

Le monde avait du mal à comprendre qu’ils avaient perdu un héro, pas de ceux qui étaient facilement identifiable par leur cape et leur masque, non ce héro de tous les jours. Rafael, tout comme les deux autres, avaient toujours rêvé d’aider et de sauver son prochain d’un grave danger. Il excellait dans le ce domaine un peu comme s’il était juste fait pour ça. Même si elle y était bien avant lui, Cristina avait toujours eu beaucoup de respect pour son courage et sa bravoure. Plus jeune mais avec un caractère qui en faisait pâlir plus d’un, l’hispanique avait toujours eu cette gueule. Comparer à lui, Cristina se sentait tellement petite et tellement inutile désormais. A tel point que même son chef l’avait orienté sur la présentation du métier de pompier auprès de différents lycée. La encore, il fallait qu’elle prenne sur elle puisqu’elle n’avait pas vraiment le choix. Son état d’esprit était encore pollué par les risques que son petit frère avait payé de sa propre vie. A croire que cette tragique histoire lui faisait perdre ses véritables motivations dans ce métier qui était pourtant sa vie, jusque là. Il ne fallait pas plus d’un coup de fil raté pour que la jeune femme se sente coupable surtout lorsque cela concernait Taylor. Irrémédiablement attirée vers elle, la pompier en oublia la fatigue qui la faisait tanguer pour filer dans le quartier du Mississippi d’où elle y avait trouvé sa place également entourée de colocataire tous aussi déjantés qu’elle. Serrant le frein à main un peu trop fort, elle fila droit vers le foyer Davis pour toquer et voir le visage éteint de la veuve. La question qui ressortait souvent lorsqu’on allait voir quelqu’un était sortit comme ça alors qu’il était évident que la maman était dans un état encore léthargique, probablement à cause de souvenirs qui revenaient à la charge. En tant que soeur, Cristina vivait la même chose et la douleur était lancinante alors pour une femme amoureuse, cela devait être effroyable. La pompier ressentait encore les soubresauts des sanglots douloureux de Taylor dans ses bras lorsqu’on lui avait annoncé la mort de Rafa. Déchirant et impitoyable.
- Ça va et toi ?
Cristina baissa les yeux en expliquant qu’elle avait eu son message vocale. Il n’y avait aucune excuse puisque pour elle, elle n’était pas excusable. La brunette aurait dû être disponible, quoiqu’il advienne.
- Je-j’ai trouvé ça dans les affaires de Rafa.
Inconsciemment, l’hispanique baissa les yeux pour voir ce qu’elle avait à lui montrer. Sur le pas de la porte, elle prit doucement la photo entre ses doigts. Immédiatement, elle voyait le visage lumineux de son frère, très solaire. On l’imaginait facilement en boule d’énergie qui ne s’arrêtait jamais et surtout, il était heureux. Les yeux noircit par la tristesse, elle avala la boule qui s’était formée dans sa gorge en espérant encore qu’il apparaisse, de derrière Taylor en souriant comme toujours en criant : “Innocente !!” mais ce n’était pas le cas. Ils étaient encore loin de Noël et le corps qu’ils avaient mis en terre était bien lui, et elle ne reverrait jamais plus son petit frère. Elle se souvenait de ce moment. Ils étaient tous les trois, régulièrement fourrés ensemble puisqu’ils vivaient dans le même quartier. Taylor était si belle, rayonnante, un véritable rayon de soleil mais quand elle releva les yeux sur la Taylor d’aujourd’hui, elle déglutit à nouveau. Toujours aussi belle, ce sourire redorait un peu ce visage éteint par la tristesse et le manque de la personne disparue. Tout comme Cristina, la jeune femme voulait s’en sortir même si ces simples mots pouvaient encore résonner comme une sorte de trahison envers l’être aimé et perdu. De même que Cris avait beaucoup de mal à ne pas sentir le goût amer de la trahison en venant serrer fort Taylor dans ses bras après avoir quitté la photo des yeux. Cette attirance ne devait pas être et ne sera jamais possible.
- Ça va. Est-ce que Matteo est à l’école, demanda t-elle, accro à son petit neveu puis elle entra.

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- How can we move on-

(Ft Cris)

Elle était perdue, plus qu'elle ne l'avait jamais été. Confrontée à la mort, elle l'avait été des dizaines et des dizaines de fois. Elle était infirmière aux urgences. Elle voyait tous les jours des personnes en sales états, elle voyait souvent des familles dévastés, inquiètes. Avec Rafa, elle était passé de l'autre côté. Elle était devenue celle qu'on console, celle qui est perd espoir. Cela faisait un mois qu'il était mort mais rien ne pouvait la consoler. Elle pensait que ça serait plus facile, qu'elle s'était préparé et que bien que les choses seraient difficile, elle irait de l'avant. Elle ne s'était pas imaginé que ce serait difficile. Elle ne s'était pas attendue à aller aussi mal. Elle avait toujours respiré la joie de vivre, depuis un mois elle suffoquait.

Alors elle faisait des choses qu'elle n'avait pas l'habitude de faire, comme trier des photos, comme écouter des morceaux qu'il aimait. Elle trouva une photo de Cris, Rafa et elle. Sans vraiment réfléchir elle composa le numéro de la sœur de son homme. Elle tomba sur le répondeur et laissa un message. Cristina fit son apparition un instant plus tard. Elle lui demanda comment ça allait et sans réfléchir elle dit à Cris que ça allait en lui retournant la question. Cris baissa la tête ne répondant pas tout de suite. La mort de Rafa était dure pour tout le monde et Cris ne faisait pas exception. Elle avait toujours été proche de son frère.

Taylor lui tendit la photo et observa sa réaction. Au bout de quelques secondes elle l'a surpris en répondant à sa précédente question. Elle lui dit que ça allait. Taylor posa immédiatement une main sur le bras de son ex belle soeur. Cris lui demanda si Matteo était à l'école.

Oui et après il va passer un peu de temps avec ma soeur. Elle le garde pour la soirée.

Taylor n'aimait pas se retrouver seule mais c'était important que Matteo puisse quitter l'ambiance pesante de la maison.

Est ce que tu veux que je te serve quelque chose ? Un café ? Une bière ?

Il était encore tôt mais elle était d'humeur à boire de l'alcool.

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» Taylor Davis-Letting go is the lesson. Letting go is always the lesson. Have you ever noticed how much of our agony is all tied up with craving and loss?